Résumés des mémoires

BOUCHERIN, N., L'influence du Sillon en Suisse romande (1902-1910).

Le 25 août 1910, lorsque la tourmente moderniste tire à sa fin, Pie X interdit le Sillon. Imaginé quinze ans auparavant par un groupe de jeunes étudiants du Collège Stanislas de Paris, enthousiastes et préoccupés par la nouvelle donne sociale qu'affronte leur pays, ce mouvement catholique social s'incarne dans la personnalité excessive et passionnée de Marc Sangnier. Démocrate convaincu et fervent catholique, il prétend unir la science et la foi dans le but de démontrer à la société française que la religion revivifiée est apte à résoudre les nouveaux problèmes sociaux. Son charisme irrésistible et son indéfectible confiance dans l'avenir attirent un grand nombre d'ouvriers et d'employés, public cible de ses Instituts populaires, où il espère leur transmettre la conscience et le sens des responsabilités civiques. Car c'est avec l'espoir et la puissance de cette nouvelle catégorie sociale, issue de l'industrialisation forcenée du XIXe siècle, que Sangnier rêve d'instaurer une vraie République démocratique et chrétienne. Cette tâche s'impose au Sillon face à la montée des extrémismes, tant de gauche, avec le socialisme agnostique et communautaire, que de droite, avec l'Action française, nationaliste et royaliste, contre lesquels il propose une troisième voie. Le caractère profondément organique et mystique du Sillon jugule irrémédiablement sa capacité et son énergie à l'organisation d'une force constante et croissante. Cet esprit sillonniste, qui conna&icrc;t une effervescence vertigineuse et extatique jusqu'en 1905, s'engage dans un imperceptible déclin à l'heure d'opérer des choix incompatibles avec la spontanéité et la hardiesse de Sangnier. Ce mémoire brosse un large éventail de l'influence du Sillon en Suisse romande, et propose, avant tout, quelques pistes et suggestions pour des recherches ultérieures.

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